Avec Après l'Ondée, Jacques Guerlain signe en 1906 un des chefs d'oeuvre de la parfumerie moderne. Peu connu du grand public aujourd'hui, il reste pourtant adulé des connnaisseurs pour ses notes délicieusement poudrées, qui en font une sorte de prédecesseur diurne de L'Heure Bleue, qui prolongera cet esprit, quelques années plus tard,  sur un mode plus oriental. 

A la manière d'une peinture impressionniste, Jacques Guerlain dessine ici le "tableau olfactif d'un paysage champêtre à nouveau baigné par les rayons du soleil, juste après la pluie". Cette interprétation saisissante d'un jardin fleuri une fois l'orage passé, lorsque le soleil refait surface,  s'ouvre sur des notes de bergamote et de cassie, avant de s'épanouir sur une très belle racine d'iris, dont l'effet poudré est prolongé par la violette et le mimosa. D'autres notes florales (rose, jasmin) accompagnent cette composition légèrement épicée par la présence d'oeillet, mais c'est surtout la forte présence d'héliotropine,  étirant la trame poudrée des notes de coeur,  qui caractérise ce parfum, aux côtés d'une légère  note de vanille et de santal en fond. 

Mélancolique, romantique, subtil, autant de mots pour décrire ce parfum dont la concentration extrait a aujourd'hui disparu du catalogue Guerlain, mais dont l'eau de toilette subsiste dans une version fidèle quoique manquant de rémanence. Un siècle après la création d'Après l'Ondée, Maurice Roucel lui rendra hommage à travers Insolence (2006), en augmentant la note violette au sein d'une composition teintée de notes fruitées, sur un thème très cosmétique.