Marcel Rochas souhaitait créer un parfum pour sa seconde femme, alors toute jeune, Hélène. Pour ce faire, il se pencha sur cette idée, durant la Guerre, avec Albert Gosset, quand tous les deux eurent l'occasion de rencontrer Edmond Roudnistka, alors jeune parfumeur. Il leur montra un de ses essais sur lequel il travaillait depuis un an, et tous les deux l'adoptèrent immédiatement, sans aucune retouche, tant il leur plût. 

La formule surlaquelle avait travaillé Edmond Roudnistka était originale et séduisante en ce qu'il avait utilisé une matière synthétique, (jusqu'ici stockée et oubliée dans les locaux de son lieu de travail), une méthyl -ionone inhabituelle, qui, associée au prunol, donnait une magnifique note de prune confite, à la fois chaude et sucrée. Il renforça cet aspect fruité avec de la pêche, (undécalactone), en l'équilibrant avec une base boisée chyprée (mousse de chène, santal, patchouli), en lui ajoutant des notes aldehydées et fleuries en coeur (rose, jasmin, ylang) pour donner de l'ampleur au parfum. Edmond Roudnistka ajouta des notes épicées à cette composition, notamment de cumin, qui amplifièrent la sensualité de la fragrance. 

C'est ainsi que naquît Femme de Rochas,  à la libération en 1944, et devint par la suite un immense succès de la parfumerie moderne. Sa formule a malheureusement dû évoluer avec le temps, en raison des matériaux autorisés à être utilisés, avec une réorchestration plus marquée en 1989, mais continue d'être considéré comme un des plus grands chyprés.