Jacques Guerlain se serait inspiré de la légendaire histoire d'amour de Mumtaz et de l'empereur Shah Jahan dans les jardins de Shalimar à Agra. Touché par l'amour de cet homme dont la femme mourût, qui, dévasté par son chagrin, lui fît construire une tombe, qui devint le Taj Mahal. Le parfumeur imagina un parfum féminin et sensuel, au nom de Shalimar, signifiant littéralement "demeure de l'amour" en sanscrit. 

Il est aujourd'hui difficile de retrouver le véritable processus de création autour de ce parfum mythique : l’histoire raconte que Jacques Guerlain a été pris d'une inspiration soudaine en jetant quelques gouttes d'éthylvanilline (molécule alors nouvellement découverte, semblable à la vanilline, mais plus puissante), dans Jicky, autre chef d'oeuvre de la marque, dont on sent, en effet, une parenté avec Shalimar. 

Si Shalimar s'inspire certainement de la composition de Jicky, dont on retrouve la bergamote, la lavande en tête, et les notes vanillées et animales en fond, on ne peut exclure l'influence d'une création telle que Emeraude de Coty sur Jacques Guerlain, mais explorée ici avec brio et subtilité. En effet, François Coty et Jacques Guerlain se fréquentaient, échangeaient sur leurs créations et leurs idées, ce qui peut expliquer certains accords communs dans leurs parfums. 

Shalimar, avec ses notes de tête hespéridées (30% de bergamote dans la formule), son coeur doucement fleuri qui s'estompe au profit d'un fond vanillé, et animal (vanille, ethylvanilline, fève tonka, civette) devint un succès et fût d'ailleurs couronné d’un prix à l’exposition des Arts Décoratifs.

Ernest Beaux, le parfumeur qui travailla pour Gabrielle Chanel et qui créa le N°5 lui rendit hommage avec cette phrase: "Avec ce paquet de vanille, j’aurais juste été capable de créer une crème anglaise, tandis que lui, Jacques Guerlain créa Shalimar. »