La Tulipe de Byredo s'inspire du goût prononcé de Ben Gorham, le créateur de la marque, pour cette fleur, qui symbolise le retour des beaux jours et l'arrivée du printemps. 

Or cette eau de parfum restitue à merveille cette sensation presque palpable de fleur fraîche à peine éclose, de tige et de rosée du matin, comme lors d'une ballade dans un jardin ensoleillé au petit matin.  Or il est assez amusant de constater ici que cette sensation très naturelle si bien exprimée,  provient d'un parfum composé à partir de nombreuses reproductions de fleurs, soit, à partir d'éléments  naturels mais aussi, synthétiques.  

En effet, la tulipe est une fleur assez peu odorante, dont il est impossible d'extraire l'odeur pour en produire de l'essence ou absolu. Il s'agit donc ici d'une composition abstraite autour de la tulipe, cherchant à en procurer l'illusion ou la sensation. Pour ce faire, le parfumeur s'est servi de différentes fleurs telles que le cyclamen, le freesia, ou le muguet, qui sont elles-mêmes des fleurs dont on ne peut extraire l'odeur à l'état naturel et dont on va obtenir la senteur à base de reproductions, c'est à dire de matières premières naturelles et synthétiques. 

Cette tulipe s'ouvre donc sur des notes vertes entourant la rhubarbe (ici obtenue à partir de l'acetate de styrallyle), qui amorce ainsi cette inflexion légèrement fruitée, que l'on retrouvera, en coeur, grâce au freesia. Le parfum évolue ensuite vers un bouquet floral,  où l'on perçoit nettement le cyclamen, mais aussi le muguet, voire peut-être d'autres fleurs blanches telles que le jasmin. Le freesia vient apporter sa douceur légèrement piquante et miellée, qui donne cet effet un peu tilleul si printanier à la composition. Le fond s'étire sur des notes boisées et musquées. 

Loin de l'aspect narcotique et voluptueux des fleurs blanches, il s'agit ici d'un bouquet floral tout en douceur et fraîcheur, tout en légèreté, aux effluves romantiques et ingénues.