Parfumeur Senior

Sensibilisé aux odeurs dès sa naissance, Jean-Christophe grandit dans l’univers des parfums. Son père, qui n’était pourtant pas parfumeur, travaille alors dans le domaine de la fabrication des concentrés mais ne lui fait jamais sentir ses outils du quotidien. Le parfum n’est encore qu’une toile de fond. Une présence qu’on perçoit sans pouvoir la nommer.

Alors qu’il est adolescent, son père lui offre Joop pour homme, une formule indélébile dans sa mémoire : « Ce parfum était peu connu en France et très différent des tendances de l’époque. On n’arrêtait pas de me complimenter lorsque je le portais et son effet sur les autres, comme sur moi, me fascinait. C’est sans aucun doute mon premier coup de foudre pour une fragrance ».

Alors que Jean-Christophe poursuit des études de chimie sans conviction, son père l’envoie à Grasse faire un stage dans un laboratoire de contrôle. Au premier contact avec les champs de mimosa, les absolus de jasmin et de tubéreuse, le parfumeur, qui s’ignore encore, se sent instinctivement aimanté. Mais c’est une rencontre qui signe le tournant de son existence : à Grasse, il fait la connaissance de Pierre Bourdon, auteur de son parfum fétiche, Joop pour homme.

Il accepte de devenir son maitre à condition qu’il lise d’abord l’intégralité d’"A La Recherche du Temps Perdu".  « Ce roman cathédrale est le manuel idéal du petit créateur, se souvient Jean-Christophe Hérault. C’est l’histoire d’une vocation, celle d’un artiste, d’un écrivain ». Un an plus tard, après avoir absorbé les sept tomes, Pierre Bourdon commence à lui transmettre son savoir avec la méthode qu’il a lui même héritée de son mentor : Edmond Roudnitska. Pour apprendre à maitriser son propre langage, Jean-Christophe doit établir un cahier des odeurs dans lequel il note ce que lui évoque chaque matière première.

Parmi les odeurs qui le font chavirer, il y a celle de la terre après la pluie en plein été. Mais aussi celle des fleurs de Troène qui lui rappellent ses vacances en Normandie lorsqu’il était enfant.