Quand on fera un jour une histoire des bonnes et des mauvaises manières, des grâces et des disgrâces de ce dernier siècle, il ne faudra surtout pas oublier de prononcer le nom de Jean-Paul Gaultier dit « l’enfant terrible de la mode ». On y verra des « filles – fées » à grosses lèvres, des femmes se faire pousser des seins magiques comme des obus de velours. On y verra des « garçons – sorciers » couler leurs jambes dans des bas ajourés ou encore des indiennes « new age » en tuniques du XVIIIème.

Jean-Paul Gaultier est bien l’homme de l’audace et de la créativité. Né en 1952, dès son plus jeune âge, c'est sa grand-mère qui l'initie à la couture. On dit d'ailleurs qu'il a fait ses premières expériences sur son ours en peluche alors qu'il avait 6 ans. C'est dans une malle de sa grand-mère que le petit Jean-Paul découvre les corsets, objets qui deviendront les symboles de sa future marque. Engagé sur la bonne mine de ses dessins, c’est à la maison Pierre Cardin que Jean-Paul Gaultier fait ses débuts dans les années 70. Cardin lui transmettra le message qui guidera ses pas et deviendra un des principes actifs de Jean-Paul Gaultier : « Tout est permis, rien n’est définitif, on peut parfaitement fabriquer une chaussure avec un lambeau de tissu trouvé par terre ». Après un court séjour chez Jacques Esterel en 1971 et 2 années passées chez Jean Patou, il revient chez Cardin.

Mais les Matchs Chanel - Courrèges des années 60 sont loin, la haute couture s’endort sur des conventions aveugles. En 1976, Jean-Paul Gaultier présente au Palais de la Découverte sa première collection et ses robes « set de table » en paille tressée devant un public déconcerté. Jean-Paul Gaultier l’enfant terrible est né ; il a trouvé son tour de main : collecter, détourner, métisser. Il a une vision totalement à contre-courant de la mode, il mélange les genres, les sexes et recycle les époques avec une virtuosité loufoque. Il a fait du métissage un style. La maison impose ses codes : Jean-Paul Gaultier met un point d'honneur à estomper les barrières entre les sexes et les cultures, avec un zeste de provocation, sans jamais pencher dans le prosélytisme. En 1977, Jean-Paul Gaultier abolit la guerre des sexes en lançant la jupe pour homme, celui-ci ne devant pas être figé dans son rôle de héros en acier inoxydable. Son style séduit : le cinéma et les stars de la chanson font appel à lui pour créer leurs costumes de scène, Madonna, Mylène Farmer ou encore Johnny Hallyday. Films : le « Cinquième élément » de Luc Besson, « Kika » de Perdo Almodovar, « La cité des enfants perdus » de Jean-Pierre Jeunet. L'expansion de sa maison, Jean-Paul Gaultier la doit avant tout à deux hommes : Francis Ménuge, et son ami d'enfance devenu un temps directeur général de la maison, Donald Potard. Le premier structure l'entreprise et développe des licences dès les années 1980. Le second encourage Jean-Paul Gaultier à oser la diversification en prenant position sur le marché du parfum.

C'est ainsi qu'en 1993 naît "Jean-Paul Gaultier Classique", la première senteur pour femmes du créateur. Le succès est immédiat et ce n'est qu'un début ! Aujourd’hui, la marque de parfums est toujours distribuée par BPI, filiale de Shiseido. Le couturier a donné naissance à d’autres jus notamment Le Mâle, Fragile, en forme de boule de neige. Gaultier2 et Ma Dame. En 30 ans de carrière, Jean-Paul Gaultier a révolutionné la mode, imposant ses codes et s’affirmant comme un entrepreneur hors pair. La marque Jean-Paul Gaultier est symbole de mouvement, d’éclat et d’inédit.

La dérision est un de mes grands moteurs. Jean-Paul Gaultier

Je défends une chose : ne pas avoir honte de sa différence, de ses origines. Jean-Paul Gaultier