De Laire

image de l'entreprise

Type Entreprise

Société mère / Groupe Symrise

Année de création 1876

De Laire

Historique

De Laire est un nom incontournable de l'industrie du parfum. Beaucoup de chefs d'oeuvre et de créations du début du XXe siècle doivent énormement à ces "bases" que fabriquait cette entreprise familiale. 

Georges de Laire était à l'origine un chimiste qui travaillait dans les colorants. Envoyé à Londres pour des recherches dans son domaine, il rencontre un autre chimiste A.W. Hoffmann, avec qui il va développer son activité  dans la création de molécules. Grâce à cet homme il rencontrera ensuite d'autres chercheurs, avec qui il entamera de nombreuses et très fructueuses collaborations, avec notamment Messieurs Tiemann et Haarman. En effet, ces collaborations lui permettront de découvrir des molécules qui deviendront plus tard les fondamentaux de la Parfumerie, telles que la vanilline (1876), la coumarine (1868) , puis l'héliotropine un an plus tard, ou encore le musc Baur en 1891. 

Ce sont ces découvertes qui vont faire de cette entreprise la première maison de corps aromatique de synthèse. A mesure que la firme se développe (en ouvrant notamment une nouvelle usine à Calais), d'autres membres de la famille s'investissent peu à peu dans le projet, comme  Edgar de Laire (le neveu de Georges) et surtout, Marie-Thérèse, la femme de Georges qui jouera un rôle crucial dans le sucès de l'entreprise familiale, à la mort de son mari. En effet, malgré l'intérêt de la découverte des molécules telles que la vanilline, celles-ci restent difficiles à vendre tel quel, tant elles sont puissantes. Elles ne se fondent pas dans une composition, notamment pour les pommades ou les infusions. Marie-Thérèse a alors l'idée d'habiller ces corps d'autres essences naturelles pour les rendre plus accessibles, et plus exploitables par les parfumeurs. 

C'est ainsi que sont nées les bases De Laire, des sortes de pré-parfums dont se servaient les parfumeurs comme des squelettes pour leurs compositions. Plusieurs de ces bases sont très connues, telles que la Mousse de saxe, qui habillait l'isobutylquinoléine, (plus couramment appelée IBQ), une matière cuirée légèrement verte et mousse, entourée de bergamote, de santal, d'ylang-ylang, de vétiver, pour l'arrondir et la baumer légèrement. Le résultat donne une sensation légèrement cuirée, un peu animale et fourrure. A la fois verte et humide, elle entrait dans la composition de nombreux parfums du début du siècle. Ernest Daltroff en a fait une très belle utilisation dans Nuit de Noël de Caron, on la retrouve aussi un peu sous un autre visage dans Habanita de Molinard, et probablement dans de nombreux Guerlain d'époque. Aujourd'hui encore cette base est utilisée, mais en raison de l'évolution des matériaux, elle est sensiblement différente de celle d'origine.

Une autre célèbre base d'époque est l'Ambre 83, qui est à l'origine de ce qu'on appelle aujourd'hui la note ambrée. Composée d'un fort pourcentage en vanille, parée très certainement de labdanum, elle servait à l'époque à mettre en valeur la vanilline afin de la vendre plus facilement. Pour s'en faire une idée, on en retrouve actuellement une odeur fidèle dans Ambre Sultan de Serge Lutens ou Mitzah de Christian Dior. Elle était très utilisée à l'époque, notamment pour les notes ambrées dans de nombreux parfums orientaux. 

De nombreuses autres bases ont fait la renommée de l'entreprise, tant celles-ci servaient à l'élaboration des parfums. Des parfums tels que l'Origan de Coty, (création majeure qui inspira plus tard L'Heure bleue de Guerlain), ne contenait pas moins de six bases différentes, par exemple. Ces bases ont donc considérablement enrichi la palette du parfumeur, tout en développant leur créativité.

La première guerre mondiale entâche malheureusement le florissemment de l'entreprise familiale basée, entre autres, sur une amitié franco-allemande de chercheurs en chimie. Mais comme entre-temps de nombreux membres de la famille se sont investis dans cette activité, l'entreprise De Laire réussit à perdurer au cours de ces années difficiles. Elle va progressivement passer de la création de bases à celle de parfums, avec notamment la venue d'Edmond Roudnistka. En effet, engagé pour composer des bases et savoir les vendre en expliquant leur intérêt, peu à peu celui-ci se mit à créer de vrais parfums, à l'aide notamment de molécules créées par De Laire. C'est le cas pour Femme de Rochas, qu'il élabora, entre autres, à base du prunol, (odeur de prune confite), une variété de méthyl-ionone oubliée dans les entrepôts de la firme, dont le savoir-faire particulier de la famille en avait légèrement modifié l'odeur pour aboutir à ce résultat. D'autres parfumeurs travailleront par la suite pour De Laire, tel que Guy Robert par exemple. 

De Laire fut racheté par Florasynth en 1987, elle-même reprise à son tour par Haarmann et Reimer, pour devenir Symrise en 2003.  De nombreuses bases sont encore aujourd'hui utilisées, mais elles sont aujourd'hui légèrement différentes du fait de la législation en vigueur, interdisant l'emploi de nombreuses matières premières, mais aussi en raison de la perte d'un savoir-faire familial particulier.