Née en 1909 à Bordeaux, Germaine cellier entame des études de chimie pour s'intéresser ensuite très vite au monde des odeurs. C'est ainsi que cette femme pleine de caractère et de gouaille, souvent surnommée "Arletty blonde", rentra chez Roure pour se consacrer à la parfumerie et plus particulièrement à la création. 

Germaine Cellier était pleine d'idées, et cela tombait bien, puisqu'elle commença à travailler dans un contexte où les sociétés telles que Roure ne souhaitaient plus uniquement fournir des bases ou des spécialités aux maisons de parfums, mais aussi composer des "parfums finis", pour les couturiers par exemple. 

C'est avec des compositions audacieuses et sans concessions que Germaine Cellier se fît connaître et pût s'imposer dans une monde professionnel exclusivement masculin jusqu'ici. Son premier coup d'éclat fût Bandit de Robert Piguet. En effet, elle rencontra le couturier qui lui demanda de créer un parfum pour lui. Elle osa alors intégrer 1% d'isobutyl quinoleine à sa composition qui devint alors un chypre cuiré, fauve, sensuel, très atypique. 

Elle renouvellera cette recette aussi bien pour Fracas de la même marque, aujourd'hui devenu un grand classique de la parfumerie, avec son exubérante tubéreuse aux accents de fleur d'oranger, que pour Vent Vert de Balmain et ses 8% de galbanum.  Son refus de se conforter à une quelconque méthode de travail, , considérant l'art de la création comme un don, lui valût de sérieux désaccords avec Jean Carles. D'ailleurs cette femme très généreuse et intéressante, entourée d'amis tels que Jean Cocteau, François Périer ou Pierre Bruisson, fût aussi connue pour avoir un caractère bien trempé, dont la légende veut qu'on fût obligée de l'isoler dans un bureau individuel sur son lieu de travail. 

Tandis qu'elle devint gérante d'Exarôme en 1946, d'autres créations suivirent, comme Coeur Joie pour Nina Ricci, un floral aldéhydé racé, La Fuite des Heures pour Balenciaga, une association thym jasmin originale, capiteuse et tenace, ou encore Jolie Madame pour Balmain, dans l'esprit de Bandit mais plus policé et capiteux. 

Germaine Cellier mourra en 1976.